DÉLUGE
logo rubrique

SOLO ÉLECTRONIQUE
Marc Siffert

La terreur d’une société c’est le déluge.

DÉLUGE questionne sur notre capacité à appréhender à la fois notre présent, sa réalité, sa terminaison et un après.

La déroute d’un présent, l’annonce d’un changement, ont plusieurs fois été imaginées dans de nombreux textes.
Non-seulement la Genèse, l’Avesta, Lone Man, Popol Vuh, l’épopée de Gilgamesh, les mythologies de l’Inde, de la Chaldée, de la Perse, de la Grèce, les annales de la Chine, les poèmes de l’Edda, les traditions des populations d’origine celtique, font mention d’un déluge, mais on a rencontré chez la plupart des tribus du Nouveau-Monde et chez presque tous les insulaires de la Polynésie, le souvenir d’un cataclysme qui aurait anéanti le genre humain.

A partir d’une figure comme celle du déluge, tirée de notre héritage culturel et à travers un vocabulaire résolument électronique, fournisseur d’objets sonores malléables, il s’agira d’interroger aussi et à nouveau la question du temps.

Déluge envisage le son comme un matériau plastique, au développement en volume, en densité et non pas d’une manière linéaire, rectiligne.
Un matériau sonore complexe qui est chargé de rendre perceptible des forces d’une autre nature.
Entre électronique et noise, la pièce explorera plusieurs pistes.
Un éden, ce que Proust appelait "un peu de temps à l’état pur".

C’est l’idée de temps "flottant", non pulsé, non métrique, un temps fait de durées hétérogènes, dont les rapports reposent sur une population moléculaire : un travail sur un cadre infini.
Un essai sonore proche de l’éther en temps que substance remplissant l’espace.

Puis les ouragans, séismes et tsunamis se multiplient : brisure de symétrie, certaines propriétés de la matière ne semblent pas respecter les équations décrivant le mouvement des particules.

L’immanquable, l’inéluctable passage vers la séquence finale est envisagé comme un accroissement, une densification, le remplissage d’un espace par l’accumulation d’objets sonores vers l’effondrement.
Il s’agira là d’une approche moins contrôlée, qui s’auto alimente comme un feedback, une expérience véritable et "noise" : organique d’abord puisque notre corps le ressent, sensations proche de la douleur, mais aussi une expérience de philosophie puisqu’on expérimente un paradoxe, celui de l’écoute : une écoute qui repousse l’écoute, une expérience dans laquelle l’oreille est tendue vers un son jusqu’à un possible abandon, un épuisement libérateur.

Viendra ensuite l’idée d’un "après", d’un possible commencement.
L’arche se pose sur une montagne, le naufragé sur une île déserte.
Penser une humanité re-commençante pour finalement travailler un espace vierge à reconstruire, à réinventer.

Production

Production : AnA Compagnie
Avec le soutiens financier de la Direction Régionale des Affaires Culturelles Occitanie
Commande d’écriture SACEM