Mater
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D’Annabelle Playe
Chez ALNA EDITEUR / Théâtre

Mater est avant tout une parole poétique, un texte porteur d’images et de perceptions infinies. Annabelle Playe a laissé couler ses mots, sans retenue, nourrissant son monologue des cris d’amour et de douleur d’une femme jugée pour infanticide et enfermée dans sa prison froide, emmurée tout entière dans son enfer organique.
Il s’agit d’un monologue.

"C’est aussi en tant qu’écrivaine, qu’elle aime faire résonner la substance du verbe et le timbre de l’âme sur la surface tendue d’une réalité hautement sensible.
Annabelle Playe, qui souhaitait modeler un rôle à la dimension de l’actrice, lui confectionne alors cet écrin. Le sujet s’est imposé à elle comme une évidence incontournable à la suite du visionnage d’un documentaire sur les geôles chinoises où était emprisonnée une femme accusée de l’acte odieux qu’est l’infanticide."

La Montagne, Clermont-Ferrand, Novembre 2013

Extrait

3.
la prison commence ici
ses murs sont mes os
le soir s’y abat
dans ses silences calcium
un tambour qui roule
la nuit le jour
des flammes méchantes du feu sur l’eau
rouleaux d’étain


restreindre le mouvement
si je bouge
je me fends


il y a en ma prison un peuple d’étranges on ne sait si la mauvaise graine y repousse ou y est repoussée
marron le fruit desséché
dans le sol dur-sale ses pépins répandus veulent germer
une femme-grenade ouverte